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Flâneries le temps d'un week-end à Incheon

🗺️ J'y étais en avril 2023 🐸
22 octobre 2025 par
Lucie
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Incheon, ville portuaire de trois millions d’habitants et située à une cinquantaine de kilomètres de Séoul en Corée du Sud, est surtout connue pour son aéroport ultramoderne, véritable porte d’entrée du pays. Souvent survolée par les voyageurs pressés, elle mérite pourtant une halte pour découvrir son quartier chinois, s’imprégner de son histoire comportant un épisode clé de la guerre de Corée, ou simplement profiter d’un moment en pleine nature dans le paisible quartier de Songdo.

Cette ville revêt une importance toute symbolique pour moi. C’est le premier endroit en Asie où j'ai posé le pied en 2023, et débuté un voyage de plusieurs mois, loin de mon quotidien à Düsseldorf. Si, comme la grande majorité des touristes, j'ai filé directement vers Séoul pour y passer ma première semaine en Corée du Sud, un week-end de transition avant de me rendre sur l’île de Jeju m'a permis d'explorer Incheon.

Des cerisiers en fleur pile à la mi-avril

Des cerisiers en fleur pile à la mi-avril
Je garde un bon souvenir de cette destination, mais puisque tu es là pour un récit authentique, je veux être honnête avec toi, cher voyageur, chère voyageuse. Incheon m’est d’abord apparue comme une version un peu triste de Séoul. De grands espaces alternent avec des groupes d’immeubles résidentiels et de bureaux, et l’ensemble devient très gris dès que le soleil se cache. Ce n’est qu’en prenant le temps d'en visiter différents quartiers, avec mon compagnon de l’époque, que j’ai découvert son charme.

Nous découvrons d'abord le quartier de notre logement temporaire, Bupyeong, dont le Modoo Mall est le plus grand centre commercial souterrain au monde en termes de nombre de magasins différents. C’était en tous cas vrai en 2014, et cela reste un espace impressionnant avec plus de 1400 vendeurs distincts. Les couloirs, remplis de rangées de petits magasins, ressemblent à un véritable dédale lorsqu’on y met les pieds pour la première fois, mais on s’y retrouve assez vite une fois que l’on connaît le numéro des sorties à emprunter.
Vue d'une des sept galeries marchandes du Modoo Mall

Vue d'une des sept galeries marchandes du Modoo Mall
Un peu plus loin, nous profitons en soirée des rues animées de Bupyeong, un lieu de sortie très prisé par les jeunes le week-end. Il est impressionnant de constater la transformation des rues : calmes et peu fréquentées en journée, elles deviennent soudainement bondées la nuit, sous l'éclat des néons clignotants. Nous remarquons qu’en plus des photomatons et des restaurants, le karaoké et les chorégraphies de danse K-pop sont des activités extrêmement populaires ici.

Je lis depuis notre arrivée l’ouvrage La Corée du Sud en 100 questions, afin de contextualiser nos découvertes quotidiennes. Il apporte un éclairage sur la naissance de l’industrie de la K-pop et, plus généralement, sur l’essor du secteur du divertissement coréen, appelé hallyu, littéralement vague coréenne. À la fin des années 1990, frappée par la crise financière asiatique, la Corée du Sud est contrainte de restructurer et d’ouvrir une partie de son économie. Le président de l’époque choisit alors d’investir dans la création d’un secteur du divertissement.

La feuille de route est claire : brainstorming, étude de marché et des tendances, et conception d'un produit. Puis diffuser en ciblant tous les marchés, même émergents, tout en associant un maximum de produits dérivés.
Kim Dae-jung
Ancien président cité dans l'ouvrage La Corée du Sud en 100 questions
La discipline des recrues, soutenues par leurs familles, ainsi que les budgets massifs investis chaque année par l’État et le secteur privé font toute la force de ce secteur. Selon le rapport de l'Institut coréen de la culture et du tourisme publié par l’agence Yonhap, cette industrie a, pour la première fois de son histoire, engrangé plus de 1000 milliards de wons en 2023, soit environ 893 millions de dollars.

Le lendemain, direction Chinatown, près du port, où les décorations sont immédiatement plus chargées que dans le reste de la ville, entre les portes traditionnelles marquant l’entrée du quartier et les façades colorées des restaurants et commerces des rues principales. L’après-midi se déroule au rythme des différents points de vue et attractions à voir dans le coin : mention spéciale pour le parc Jayu et les fresques de Chohanji Mural Street et Three Kingdoms Mural Street. Et pour les dumplings ! Nous cherchions à l’origine des jajangmyeon, un plat de nouilles très connu en Corée et inventé à Incheon au début du siècle dernier, mais n’avons pas résisté à la petite boutique de raviolis pleine de locaux – toujours un indicateur prometteur.

Vue sur Chinatown et les raviolis (encore fumants !)

Vue sur Chinatown et les raviolis (encore fumants !)
Le village des contes, un charmant ensemble de ruelles ornées de fresques inspirées des contes pour enfants, est parfait pour terminer la visite par une promenade et une séance photo. Après une pause à l’hôtel, nous avons prévu d’aller dans un club coréen, mais le tarif de 25 euros par personne et l’impossibilité de communiquer avec le videur (ou les autres clients) nous refroidissent vite. Nous préférons garder nos forces pour le lendemain. En tous cas, si nous avions parfois du mal à échanger en anglais à Séoul, notre absence de coréen semble provoquer à Incheon jusqu'à une légère panique chez les personnes que nous croisons. Peut-être n’avons-nous pas de chance avec nos interlocuteurs ?
Fresque colorée dans les ruelles du village des contes

Fresque colorée dans les ruelles du village des contes
Après une bonne nuit de sommeil, direction le quartier de Songdo. En sortant du métro, nous doutons un instant d’être au bon endroit : des places en béton désertes entourent des immeubles d’habitation ou de bureaux, fermés un dimanche. Pas vraiment la promenade que nous espérions… Mais en arrivant au parc central, nous sommes rassurés. On y trouve un vaste lac avec des familles qui font du pédalo, un enclos à biches, de petits cafés dans le village hanok, et des bâtiments au design surprenant comme le Tri-Bowl. Voilà qui nous convient mieux !

Un aspect de Songdo (l'île aux pins), que nous n'avons pas vu lors de notre visite, est le fait qu'il s'agit d'une smart city. Tout doit y être ultra-connecté, vert, sécuritaire, et elle vise à servir de modèle à de futurs projets urbains, et pourquoi pas, à s'exporter à l'international. Le projet ne semble pas convaincre complètement, d'où cette impression de rues désertes que nous avons eue en dehors du parc.

Contraste entre le parc central et les gratte-ciels environnants

Contraste entre le parc central et les gratte-ciels environnants
Nous marchons longtemps pour rejoindre le bord de mer, que nous longeons jusqu’au parc Solchan. Ici aussi, des cafés et espaces ombragés jalonnent le parc, qui offre une grande jetée avec vue sur la mer, très prisée des familles et couples.

Être en couple semble une activité à part entière ici : nous croisons peu d’individus seuls, beaucoup de familles et d’amis, et de nombreuses attractions dédiées aux couples — photomatons, décors en forme de cœur, menus et loisirs à tarif réduit en duo, voire vêtements assortis. Il semble très facile de se donner rendez-vous en extérieur et de passer un après-midi ou une soirée en amoureux sans avoir pensé à un programme précis à l’avance.


Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage.
Albert Schweitzer
Médecin, théologien et philosophe alsacien

Après une pause-café, nous repartons vers le quartier de Sorae. L’attente pour le bus est longue, nous mettons plus d’une heure à rejoindre notre destination. Rien de plus normal : en plus d’être dimanche, nous sommes dans la ville la plus étendue du pays avec ses 1,07 million de kilomètres carrés. Nous finissons par atteindre le parc écologique de Sorae, réputé pour ses moulins à vent atypiques, mais surtout pour son écosystème préservé où de nombreux oiseaux vivent en toute quiétude. De petits observatoires le long des sentiers donnent l’impression d’un safari en pleine ville.

Solitude bienvenue après l'effervescence du centre-ville

Solitude bienvenue après l'effervescence du centre-ville

Cette journée de marche s’achève autour d’un barbecue à Guwol-dong. Nous maîtrisons mieux les ustensiles depuis notre première expérience avec ce plat, mais pas encore la cuisson, ni la présentation. Nos morceaux de viande et légumes sont mélangés en un tas central informe, tandis que nos voisins disposent soigneusement leurs ingrédients sur la pierre. La prochaine fois sera la bonne !

Et toi, cher voyageur, chère voyageuse, as-tu eu l'occasion de poser le pied à Incheon, cette porte d’entrée vers la Corée du Sud, entre ciel et mer ?

P.S. n'hésite pas à faire un tour sur mon compte Instagram pour des photos exclusives de la destination du jour et un aperçu de mes autres voyages !


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